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Publié le par Itsas Begia

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Le maire Peyuco Duhart fait le point sur les chantiers :

Fort de Socoa : un défi majeur

Le projet d'aménagement du fort de Socoa en plateforme universitaire et scientifique (notre édition du 22 octobre) « ne va pas se faire en trois mois. Mais nous travaillons à ce qu'il aboutisse, car notre défi majeur, c'est l'économie et l'innovation. Faire de la recherche là nous paraît une bonne idée. C'est un projet fédérateur pour notre territoire. Ensuite, il faut voir, peut-être que nous pourrons mener d'autres projets avec les Sokotars dans cet espace. »

Dans l'immédiat, pour sauvegarder les lieux et « remettre en état le clôt et le couvert », 800 000 euros de travaux sont programmés.

Si l'Agglomération Sud Pays basque et les universités de Bordeaux et Bilbao parviennent à convaincre les financeurs (Europe, État et les autres collectivités), le fort de Socoa va bientôt devenir une plateforme scientifique autour de la glisse et de l'océan (lire notre édition du jeudi 22 octobre). L'occasion de revenir sur l'histoire mouvementée de ce site stratégique.

1 Un fort militaire envahi plusieurs fois

La première version du fort date de 1627, juste après la création du port. Mais la tour de défense est très vite tombée aux mains des Espagnols, avant même la fin de sa construction. Le bâtiment militaire part en fumée lors de la reconquête. Il a fallu attendre 1669 pour relancer les travaux. Le bâtisseur Vauban et son ingénieur François Ferry décident alors de construire une forteresse moderne avec des remparts et des casernements. La poudrière est installée au rez-de-chaussée de la tour. À cette époque, l'accès au fort se fait par un pont-levis, recouvert par les eaux à marée haute. Sous le règne de Louis XIV, on dénombre plus d'une centaine de militaires et une trentaine de canons dans la tour et les autres bâtiments.

Les Allemands abritent leurs sous-marins pendant la Grande Guerre. Durant la Seconde Guerre mondiale, le fort est occupé par les nazis, qui décident de construire une vaste citerne, sous la batterie haute, afin d'approvisionner les bateaux en mazout. C'est cette citerne qui a été transformée en garage à bateaux depuis.

À la Libération, les soldats allemands décident d'incendier les bâtiments « provoquant un magnifique feu d'artifice en essayant de faire exploser les munitions restantes, que l'on retrouve encore au large ou dans les rochers », peut-on lire dans le livre « Socoa et la Corniche » (1) : « Certains habitants se sont abrités au sous-sol de la maison des blocs pour éviter les projectiles de béton des blockhaus qui tombaient un peu partout. »

2 Le fort devient un centre dédié à la voile

Le Yacht-Canot Club basque s'installe dans le fort entre les deux guerres, sous la direction du commandant Rocq, le créateur de la première école de voile. À la Libération, le fort est réaménagé par le grand architecte local Pavlovsky. Il est définitivement réservé aux activités liées à la voile et à la plongée. En 1949, Aristide Loeherf est nommé par le ministère de la Jeunesse et des Sports et accueille les premiers stagiaires. Avec son ami Pierre Latxague, il invente le célèbre voilier « 420 ». En 1966, le ministère confie le centre de voile du fort à l'UCPA (Union des centres de plein air). Qui quitte les lieux en 2002. Il reste encore les carcasses des lits superposés dans la tour du fort. Mais il est inhabité depuis.

3 Une capitainerie, et même un musée

En 2009, le syndicat de la baie commande une étude de programmation urbanistique sur Socoa. AJL-W Architectures planche alors sur la revitalisation du quartier. « Le fort faisait partie d'un projet plus vaste, qui tournait autour de la construction d'un grand port de plaisance », se souvient l'architecte Jacques Leccia. Dans son programme, la citerne devait même être transformée en musée. D'autres entrepreneurs ont tapé à la porte des élus ces dernières années. Dans ces projets, le fort devait être transformé en capitainerie ou en maison des artistes.

Un autre dossier, porté par l'architecte Christine de Buhan (la propriétaire de la tour Chappe de Bordagain), a également atterri sur le bureau du maire de Ciboure. Baptisé « Phos'fort » (2), ce projet était réellement ambitieux : musée, conservatoire des savoir-faire, ateliers pour les artisans (avec de la formation sur place). Il comportait un volet commercial avec la construction d'une cidrerie, d'une galerie d'art et des saveurs. Un cinéma d'art et d'essai devait même être aménagé dans la citerne des Allemands. Des projets qui ont tous été emportés par l'océan depuis que la création de la plateforme scientifique est devenue la priorité de l'Agglomération.

Articles du journal Sud Ouest (27/10 )

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