Demain dernier jour pour admirer la maquette !
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Journal Sud Ouest ( vendredi 23 septembre 2016 )
Ils ont reconstruit le fort de Socoa… en miniature
L’association Itsas Begia rêve d’un musée pour présenter la maquette du fort. En attendant, elle expose à la galerie Bleu jusqu’à demain.
Arnaud Dejeans
En attendant sa réhabilitation, l'association de sauvegarde du patrimoine maritime basque, Itsas Begia, a décidé de se lancer dans un projet ambitieux : fabriquer une maquette du fort au 1 / 125e. « C'est une reproduction fidèle », présente le permanent de l'association, Christian Ondicola, avant d'aller plus loin : « Mais nous avons réalisé cette maquette en plusieurs phases qui correspondent à l'histoire du fort. »
Un travail de Titan
Le maquettiste en charge du projet, Pierre Cochet, a ainsi fabriqué plusieurs modèles, correspondant à l'évolution de la forteresse : 1627, 1693, 1723, 1775, 1800, 1824, 1860, etc. « Nous en sommes à la huitième étape, il en manque encore deux pour coller à l'architecture d'aujourd'hui. »
Chaque phase a été photographiée et filmée. « Le but étant de publier un livre-DVD sur l'histoire du fort », précise Christian Ondicola. Un travail de Titan qui correspond à des centaines d'heures de recherche et de fabrication. À l'origine du projet, Itsas Begia s'est appuyée sur le travail de l'architecte luzien Daniel Albizu, qui avait compilé tous les écrits existants sur le fort de Socoa. « Malgré ce travail, il restait encore des zones d'ombre. C'est la raison pour laquelle nous avons épluché les archives départementales et les documents du service historique de la Défense à Vincennes », dévoilent les historiens de la mer.
Les premiers écrits sur l'existence de cette forteresse maritime remontent à 1644. Les premiers plans datent de 1693. « Petit à petit, nous avons reconstitué le puzzle. » Doté d'une section de maquettisme (le mardi après-midi à l'ancienne école Herriot de Ciboure), Itsas Begia décide alors de se lancer dans la construction d'une maquette évolutive.
Le maquettiste professionnel, Pierre Cochet, prend le projet à cœur : du contreplaqué pour les parois de la tour, du plexiglas pour l'océan, du sable de Socoa pour la plage, de la mousse polyuréthane pour les falaises, de la soie mélangée à de la colle pour le gazon, du lichen pour la végétation et même de la vraie rouille pour recouvrir le cabestan. Tous les détails sont respectés : les proportions, les niveaux, les pentes, etc. « Il ne faut pas faire les choses à moitié. Actuellement, je suis en train de réfléchir à la construction de la croix de la digue du marégraphe. C'est un véritable casse-tête, mais on va trouver une solution. »
À quand la salle permanente ?
Même les Socotars qui ont la chance d'habiter près du fort seront surpris par la vue aérienne de la maquette et par les panneaux explicatifs relatant l'évolution du site. En permanente évolution : forteresse militaire, base logistique pour la construction des digues, entrepôt de stockage pour la poudre à canon. Puis local pour les Ponts et Chaussées et base de loisirs. Dans quelques années, qui sait, Itsas Begia retouchera peut-être sa maquette pour représenter les bâtiments utilisés par le futur pôle universitaire transfrontalier.
L'association de sauvegarde du patrimoine maritime basque a dévoilé cette reproduction lors des Journées du patrimoine, la semaine dernière, dans la nouvelle galerie de Boris Solin, rue de l'Infante. Elle est encore visible jusqu'à samedi (1). Et pour la suite ? « Nous espérons pouvoir l'exposer dans un lieu permanent. » Un appel du pied aux décideurs dans la perspective de la réhabilitation des Récollets et du fort de Socoa.
« Cela fait des années qu'Itsas Begia se bat pour mettre en valeur le patrimoine maritime local. Il serait temps d'avoir une vraie salle d'exposition pour présenter cette maquette. Mais aussi celle du morutier (exposée à Bordeaux) ou celle du chantier naval de Socoa (à Bayonne) », revendique le coprésident, Laurent Etchandy. Itsas Begia est le gardien du passé. Et voudrait le rester dans le futur.
(1) La maquette et les panneaux explicatifs sur l'évolution du fort sont visibles à Bleu galerie, rue de l'Infante, aujourd'hui, de 15 à 19 heures,