Renaissance du fort de Zokoa

Publié le par Itsas Begia

Jean-Daniel Chopin

Les travaux du fort vont débuter en septembre à Ciboure. Il sera transformé en pôle universitaire pour la rentrée 2021

( édition journal Sud Ouest du 28 mars )

Le fort de Socoa décrépit. Depuis le départ de l’Union des centres de plein air (UCPA) en 2002, seuls les goélands et les squatteurs funambules pénètrent dans ses entrailles. Si l’Agglomération ne venait pas raser les ronces et les arbustes de temps en temps, la nature aurait déjà englouti les épaisses pierres du fort. La première a été posée en 1627, sous le règne de Louis XIII. Depuis, l’édifice a connu de nombreuses modifications. Les marées et le vent le laminent.Le fort est en sursis.

« Il faut vite lancer le chantier de sécurisation du site. Dans un premier temps (septembre 2018-juin 2019), nous allons réparer le toit et nettoyer tout le périmètre. Dans un second (janvier 2020-septembre 2021), nous lancerons les gros travaux pour transformer le site en pôle universitaire », présente Manuel de Lara. Coût prévisionnel des travaux : 4 millions d’euros environ.

Géré par Bordeaux et Bilbao

Le président de la Société publique locale Océan expériences (1), également conseiller communautaire à l’Agglomération Pays basque, pilote le projet de transformation du fort de Socoa en pôle universitaire européen d’excellence. En 2021, le site sera géré par les universités de Bordeaux et de Bilbao et pourra accueillir jusqu’à 120 professeurs, chercheurs, étudiants et professionnels spécialisés dans la filière nautisme, glisse et sport aquatique.

« Les chercheurs n’auront qu’à ouvrir la porte de leur laboratoire pour faire des tests dans la baie », se projette Manuel de Lara. Il faudra déjà commencer le chantier.La rentrée des classes a déjà été décalée de deux ans. Malgré l’état de délabrement avancé de la bâtisse historique, l’élu luzien rassure : « Les murs sont sains. Il ne devrait pas y avoir de mauvaises surprises. » Sur les 2 500 mètres carrés de bâtiment, 1 500 seront utilisés par les universités.

Une ambiance de fin de monde

Pour pénétrer derrière les fortifications, pas de pont-levis ou de lourde porte inviolable. Juste un rideau de fer rouillé par l’eau et le sel. Un tour de clé : c’est la première fois que l’Agglomération autorise un média à pénétrer sur le site depuis son rachat en 2012. Ambiance de fin de monde.On pourrait tourner ici un film sur une guerre bactériologique.

Au fond de la cour, une charpente s’est écroulée sur une vieille cabine téléphonique.Preuve que le site n’a pas été fréquenté que par des militaires, des douaniers ou des envahisseurs allemands. Dans les bâtiments plus récents, les sanitaires ont été dévastés. La faïence a été détruite. « De vieilles pierres ont été saccagées par des visiteurs mal intentionnés », regrette l’élu luzien en poursuivant sa visite au rythme des vagues. Les étages du donjon ne seront pas occupés par les universitaires. Mais le guide allume sa lampe de poche pour admirer les vestiges.Les jeunes stagiaires de l’UCPA dormaient dans ces lits superposés.

Architecte choisi en juillet

Le souffle de l’océan s’engouffre à travers les fenêtres brisées.« Ce site est remarquable.C’est un bon argument pour convaincre les chercheurs du Japon, des États-Unis ou d’Australie de venir ici », sourit Manuel de Lara. La vaste terrasse sera accessible au grand public dans quelques mois. Dessous, une citerne de 1 000 mètres cubes, construite dans les années 30, sera transformée en amphithéâtre. L’eau stagnante, les peintures murales et l’humidité ambiante n’ont pas rebuté les architectes, spécialisés dans les monuments historiques, lors de la visite du site.Leurs yeux se sont illuminés comme les feux du port.

Dix-neuf dossiers de candidature ont été déposés par des équipes franco-espagnoles. Cinq seront retenus. Le lauréat sera désigné en juillet et devra s’adapter aux exigences de l’Agglomération et des universités. Après de longues années d’agonie, le fort va bientôt regagner sa dignité.

>>> (1) La SPL Océan expériences est une structure juridique publique qui assure l’animation et la coordination de ce projet.

Chronologie
1627

Afin de protéger le nouveau port de Socoa, Louis XIII ordonne l’édification d’un fort.

Du XVIIe au XVIIIe

Le fort connaît de nombreuses extensions et modifications sous Louis XIV, Louis XV, Louis XVI 1901 La tour est abandonnée par les militaires et affectée aux douanes.

1931

Le fort est privatisé en 1931. La Société du port de Socoa crée le Yacht-Club basque et construit une citerne pour l’avitaillement des bateaux de pêche et de plaisance.

Après Guerre

Le fort devient une école de voile jusqu’en 2002.

2012

L’Agglomération rachète le fort pour 700 000 euros.

Toute l'histoire du fort en parcourant notre livre  :

 

( Edition Itsas Begia )

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