Archéo sous-marine
( Article du journal Sud Ouest du 24/04 )
Pour la deuxième fois, Itsas Begia a plongé une dizaine de jours pour réaliser une cartographie sub-aquatique. L’asso évoque une campagne fructueuse.
maxime klein
La première expérience avait été une réussite. En mai dernier, trois plongeurs de l’association Itsas Begia, agréée par l’État (1), avaient effectué les prospections archéologiques initiales dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, côté Ciboure. Leur but, « créer une carte subaquatique pour protéger et mettre en valeur tout ce patrimoine », explique David Alonso Vega, responsable bénévole de la section archéologique à Itsas Begia et professeur d’histoire dans le civil.
Pour leur première expérience, après plus de six mois de recherches, documentations et recueils de témoignages, l’association avait pu plonger sur trois sites et découvrir une épave de bateau, « Le Criterion » – un brick anglais rempli de sacs de ciment pour la construction des digues, qui avait coulé le 11 février 1981 – et une ancre à jas de plus de deux mètres datant du XVIIe siècle. « On a fait une déclaration de biens culturels et c’est à la DRASSM qui doit les protéger, rappelle le responsable, qui fait partie des plongeurs. On n’a pas le droit d’y toucher (lire par ailleurs). Seulement d’en prendre des notes, des photos, des vidéos ou d’en faire des relevés GPS. »
Prospection diachronique
Lors de leur précédente expérience, David Alonso Vega et ses amis avaient également repéré un autre site intéressant. « Dans les cinq dernières minutes de notre dernier jour. C’était frustrant, mais on n’avait pas pu aller plus loin. » Après avoir approfondi quatre à cinq mois leurs découvertes, puis s’être replongés six nouveaux mois dans les recherches et documentations, les plongeurs ont eu une nouvelle autorisation d’aller enquêter sous l’eau.
Jusqu’à dimanche dernier, six plongeurs cette fois, agréés et membres de l’association, dont une femme (2), ont effectué dix sorties sur deux sites différents, dont celui de l’an dernier qu’ils n’avaient pu approfondir. « On a fait de l’identification de biens culturels maritimes, pour en connaître davantage et savoir de quelles époques les structures proviennent », explique le plongeur. Se relayant sous l’eau par équipe de deux ou trois, et plongeant dans des zones de 6 à 8 mètres de profondeur – 1 h 20 au maximum -, les archéologues ont ensuite réalisé de « la prospection diachronique » sur un autre site, notamment avec un détecteur à métaux prêté, cette année, par l’entreprise Ibaia travaux sous-marins de Bayonne. « Ce qui nous a permis de mieux découvrir les anomalies métalliques qui sont souvent cachées dans le sable. »
Un dossier avant fin décembre
Sur ces dix jours de travail, les plongeurs évoquent « une campagne fructueuse et plusieurs nouvelles structures découvertes », sans pouvoir en dire davantage. « Il y a un dossier à effectuer auprès de la DRASSM pour que ces choses soient étudiées et certifiées, explique Christian Ondicola, animateur culturel à Itsas Bedia. On doit encore faire pas mal de recherches pour expliquer ce qu’on a trouvé. C’est un travail long et minutieux, qui va devoir être effectué à très long terme. »
Financé par l’association, la DRASSM et le syndicat de la baie, avec en plus le soutien de l’Institut culturel basque, Itsas Begia va maintenant analyser toutes ses trouvailles et rédiger son dossier pour la DRASSM, avant d’avoir de nouvelles certifications sur un possible patrimoine culturel de la baie. Mais cela va encore prendre du temps, le dossier n’étant à rendre, au plus tard, que fin décembre.
(1) C’est le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), du ministère de la Culture qui régit les fouilles en mer. (2) En plus de l’Hendayais Alonso Vega, un plongeur vient de Libourne, un de Biarritz, un de Lyon et deux de Paris, dont un du Musée d’histoire naturelle. Ils sont tous bénévoles.