Le Mater à Hendaye
Article du journal Sud Ouest :
L’association de Pasajes, Itsas Gela, transporte les enfants dans un voyage imaginaire, de la pêche des appâts à celle du thon, à bord du « Mater ». Ambiance.
Lierni Garcia, animatrice du « Mater », mime d’agrafer un poisson en plastique au bout de son hameçon. © Photo
ue met-on au bout de l'hameçon pour pêcher le thon ? « Des vers de terre ! » ose un marin d'eau douce d'une école hendayaise. Pas tout à fait. « On met des petits poissons vivants. Parce que le thon est un prédateur », corrige Lierni Garcia, animatrice d'Itsas Gela, l'association originaire de Pasajes, spécialisée dans la sauvegarde du patrimoine maritime basque, qui a attaché les amarres, deux jours durant, au port de pêche d'Hendaye.
Le temps de la visite sur le thonier le « Mater » transformé en bateau-école, Lierni Garcia met les petits dans la peau de solides pêcheurs basques. « Pour commencer, les marins ne disent pas gauche et droite, ils disent bâbord et tribord. » Un côté pour attraper les appâts, l'autre pour pêcher le thon.
Voyage imaginaire
La vie de marin n'est pas facile, prévient l'animatrice, il faut accepter de quitter sa maison pour quelques jours. Aucun moussaillon n'a peur de partir sans sa maman ? Pas de mutinerie dans l'équipage ? Tout le monde aime le poisson ? On peut alors s'envoler vers le grand large pour un voyage imaginaire !
D'abord, on lance les filets, que l'on appelle des bonliches, pour sortir de la mer quelques petits poissons vivants. Les mailles de cordages encerclent les bancs de sardines avant de se refermer sur eux comme un sac. « On n'utilise pas la canne à pêche, on n'en finirait jamais, reconnaît Lierni Garcia. En revanche, on ne pêche pas le thon avec un filet car on prendrait aussi les petits thons, poursuit-elle. Les pêcheurs pensent qu'il vaut mieux les laisser grandir pour les attraper plus tard. Mais dans d'autres pays, ils pêchent le thon avec des filets jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de poissons dans la mer », grince-t-elle.
Lorsqu'on a fini de pêcher les friandises pour les thons, on enlève les vêtements mouillés et on attend.
Les enfants suivent le guide autour des viviers, s'agrippant aux bords du trou pour scruter les profondeurs comme au fond d'un puits.
Ils s'imaginent bien les petits poissons frétiller dans l'eau avant d'être jeté en pâture aux monstres des mers.
« Ils sont tout énervés, ils ne sont pas contents d'être pris au piège dans le vivier », décrit Lierni Garcia qui mime d'en tirer un du vivier pour l'agrafer au bout de son hameçon.
Le clou du spectacle
Les enfants sont captivés par l'aventure. Et lorsqu'elle s'apprête à lancer la ligne, c'est le clou du spectacle. Son et lumière. Une dizaine de lances d'incendie pétaradent comme les grandes eaux de Versailles. Les jets d'arrosage camouflent la coque du bateau en même temps que le mouvement produit à la surface, est censé attirer les thons à la surface de la mer. L'animatrice fait mine, ensuite, de lancer des petits poissons dans l'eau. « C'est comme si on nous lançait des bonbons. À votre avis, on ferait quoi ? » À entendre la réaction unanime des enfants, ils se jetteraient tous dans le piège avec plaisir.
Il faut ensuite se représenter les pêcheurs en action, retirant de la mer le thon bagarreur. Après quoi, direction les entrailles du bateau, et la glace où les prises devaient être conservées, à côté des couchettes qui sentaient l'odeur de poisson. C'est le moment d'imaginer que l'on rentre au port. « Qui commande le bateau ? » interroge Lierni Garcia. « Moi ! Moi ! Moi ! »
Les enfants agrippent le gouvernail. « Le capitaine, c'est celui qui adore faire des exercices de mathématique », coupe Lierni Garcia. Bizarrement, il n'y a plus grand monde pour prendre la barre. Toute la classe est sur le pont, prêt à regagner l'école, avant la photo souvenir. Des étoiles plein les yeux.