Retrouvailles

Publié le par Itsas Begia

Les retrouvailles d'une grande famille

Le vernissage a eu lieu jeudi à Duconténia avec les acteurs de l'exposition. Au menu : souvenirs et émotions.

 Parmi les personnes qui témoignent, Dominique Douat, 99 ans, ancien charpentier de marine. PHOTO R.G.
Parmi les personnes qui témoignent, Dominique Douat, 99 ans, ancien charpentier de marine. PHOTO R.G

Il y avait des sourires plein de tendresse, des souvenirs, des mots émus et bien sûr de la curiosité jeudi soir, à la porte de l'exposition multimédia « Itsasturiak, les gens de la mer », à Duconténia (1). Une ambiance pas tout à fait comme dans un vernissage ordinaire.

Sans doute parce que les acteurs en chair et en os de cette exposition à la fois historique et patrimoniale vivante (notre édition de jeudi), ces témoins qui ont accepté de se raconter et de raconter face à la caméra la vie du port, leur vie au port, étaient présents en nombre.

Entre les marins d'aujourd'hui et d'hier, les épouses de pêcheurs, les filetières ou les ouvrières de conserverie, les témoignages, souvent émouvants, racontent un monde. Parmi les 26 précieux témoins à découvrir sur les écrans de l'exposition, casque sur les oreilles, il y a leur doyen, souriante figure cibourienne : Dominique Douat, « 99 ans dans dix jours », ancien charpentier de marine. Malgré son grand âge et des jambes qui ne cavalent plus aussi bien qu'avant, il se promène toujours à vélo dans les rues de Ciboure.

« Une trace »

Dans la moiteur de la soirée, à cause de ses gambettes frêles, il a vu « seulement un peu » de l'exposition mais le résultat est à son goût. Lorsqu'on lui demande - au creux de l'oreille, car il entend mal - ce que ça lui fait d'en être une vedette, le vieux monsieur hausse les épaules en riant de la boutade. Il est venu avec ses trois filles, heureuses d'avoir, grâce à son témoignage filmé, « une trace » du métier de leur père et du quotidien de leurs jeunes années.

Chez elles, comme chez la plupart des personnes présentes, « Itsasturiak » fait résonner quelque chose de profond, parle des racines bien ancrées autour du port. Avec ce point commun, les générations et les catégories sociales se mêlent tout naturellement à ce vernissage. Un peu émue, une dame constate : « C'est bien, on voit des gens qu'on ne voit pas d'habitude dans ce genre de manifestation. » Dans le fond, l'exposition parle aussi de l'histoire d'une grande famille, de transmission. Ainsi, les filles de Dominique Douat, déjà très au point sur le sujet, n'ont pas découvert grand-chose qu'elles ne savaient pas.

« Mais pour nos propres enfants, c'est bien, raconte l'une d'elle. Ils ont la trentaine, ils commencent à s'intéresser à cette histoire familiale. Nous avons un exemplaire du DVD où notre père témoigne, nous allons en faire des copies pour que tout le monde puisse avoir son exemplaire. »

Perdue de vue

Appuyé sur sa canne et entouré de ses proches, le presque centenaire est très sollicité. Le thème de l'exposition a attiré des gens qui ne s'étaient pas croisés depuis des années. Par exemple cette petite-nièce perdue de vue depuis des années qui s'approche de Dominique Douat pour dire qui elle est. « Tiens, ça alors, on parlait justement de toi, il n'y a pas longtemps », s'exclame le vieux monsieur. Derrière, Dominique Duguet attend son tour pour le saluer et lui dire qu'il est resté une des images de son enfance. Il ne la reconnaît pas d'emblée. « Quand j'étais gamine, je passais tous les jours devant votre atelier, près des chais pour aller à l'école », confie-t-elle. Le vieux monsieur percute à toute vitesse, trouve qu'elle ressemble à sa grand-mère, ce qu'elle confirme.

C'est ainsi un peu partout au gré des petits groupes, de retrouvailles en souvenirs, voilà ce que l'exposition suscite chez les principaux intéressés. C'est la leur. C'est un morceau de leur vie qu'ils offrent au public jusqu'au 16 octobre.

Raphaëlle Gourin

(1) Exposition à la villa Duconténia jusqu'au 16 octobre. Ouverte du mercredi au dimanche de 14 h 30 à 19 heures et en plus le samedi matin de 10 heures à 12 h 30. Aujourd'hui et demain : visites guidées de l'exposition toutes les deux heures. Demain après-midi : échanges avec le photographe de l'exposition sur son travail avec les marins.

Extrait du Journal Sud Ouest du 17/09

 Raphaëlle Gourin

Publié dans 2011

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