SNSM
Extrait du journal Sud Ouest (Raphaëlle Gourin ) :
Charles Montet, le président local de la Société nationale de sauvetage en mer, passe la main, serein, au bout de vingt-deux ans
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Charles Montet s’en va sans regret, avec la certitude que le moment de passer la main est le bon. Jean Lataste, retraité de la marine marchande, trésorier et secrétaire depuis 15 ans à ses côtés, prendra sa succession à la présidence locale de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Raison de plus pour être « tranquille ».
« Avoir un successeur qui est quelqu’un de l’intérieur, déjà dans le bain, c’est une chance inouïe. » Au-delà de ça, il faut bien l’avouer, en 22 années à ferrailler au nom des bénévoles de la SNSM, des motifs de stress, il y en a eu tant d’autres.
L’ancien marin-pêcheur devenu administrateur du Crédit maritime, restait à terre quand les autres allaient braver les éléments. Une nécessité, selon lui, pour garder la tête froide. Et pour cause, son rôle stratégique, c’était de lutter pour les moyens attribués à la station. « Pour moi, la fonction de patron du bateau et celle de président devaient être dissociées. J’estimais qu’il fallait quelqu’un qui puisse rester en retrait. »
« Des creux de 10 mètres »
Certaines l’ont pourtant marqué. Les dates lui reviennent sans réfléchir. Il y a ce jour de tempête en 1992. Le « Pierre-Loti I », le bateau de la SNSM luzo-cibourienne appareille en direction de Vieux-Boucau, au secours d’un bateau de pêche avec 5 hommes à bord. Dans la mer déchaînée, il faut sauver les vies et remorquer le bateau. « Il y avait des creux de 10 mètres. Le “Pierre-Loti” s’est couché deux ou trois fois, les bouées ont valdingué. C’était un des sauvetages les plus durs. » Un sauvetage réussi. « Charli », comme tout le monde le surnomme, se souvient des visages et du silence des hommes rincés, vidés, au retour alors qu’un repas leur était servi à Larraldenia. « C’est comme ça. C’est un monde où on se tait. »
Il se rappelle aussi les « yeux brillants » des sauveteurs, « le 15 août 1998 », après avoir récupéré deux fillettes sauves parmi les occupants d’un voilier mis à mal par le brouillarta. Et puis les drames, comme « ces deux copines irlandaises emportées par les courants, lors d’un bain de minuit à Ilbarritz. Sur place, on a trouvé les deux corps qui flottaient. Là, c’est terrible », souffle-t-il.
Il loue l’engagement de ces hommes, ces bénévoles « à peine défrayés ». C’est aussi pour qu’ils puissent travailler dans des conditions correctes qu’il s’est battu. « Avec le temps, nos instances nationales leur ont demandé de se former de plus en plus. J’étais réticent à cette professionnalisation. Je trouvais qu’on demandait beaucoup à des bénévoles. » Depuis, il s’est fait à l’idée, l’a accepté même, parce qu’elle est aussi synonyme d’efficacité.
Sans doute aussi parce, qu’en un peu plus de deux décennies, il a la satisfaction d’avoir contribué à faire avancer les choses. Parmi les victoires : être passé d’une demi-douzaine de volontaires à 22, avoir décroché des financements pour remplacer le « Pierre-Loti I » par le « Pierre-Loti II », ou plus récemment pour acheter le « Muskoa », le nouveau canot de sauvetage. Le bateau porte le nom de la Vierge protectrice des marins. Il a été baptisé au moment où les sauveteurs fêtaient le départ de leur président, par la jeune Muskoa Lecuona, 15 ans, fille et sœur de sauveteur choisi pour être la marraine du bateau. Un joli symbole, une histoire de famille et de transmission. Une raison de plus pour tirer un sourire serein à Charli Montet.