trophée Teink
Ils se sont dépassés physiquement pendant six jours. Et se reposèrent au septième. Après une semaine de compétition, la 19e édition du Trophée Teink s'est achevée, samedi, par la victoire du batteleku rose « Martta ».
De Bilbao au port de Saint-Jean-de-Luz, les participants du raid ont ramé jour après jour dans les vagues de l'océan. Les artaunak (rames) ont claqué sur l'eau, les corps endoloris se sont tendus pour la fin de la dernière étape, partie d'Hendaye deux heures plutôt. Dernière ligne droite de cette guerre entre le corps et l'esprit.
Un corps fatigué et abîmé. Sur leurs mains, des ampoules et des pansements jusqu'aux bouts des doigts. Leur peau est burinée par ces épreuves en plein soleil. Avant de reprendre la mer, les rameurs nettoient à nouveau leurs blessures ou s'enroulent les paumes d'une bande.
Une aventure entre copains
Un dernier coup de crème solaire, quelques étirements, et les dix-sept batteleku repartent à l'assaut de l'océan, encadrés par plusieurs bateaux d'assistance. Après avoir salué - rames à la verticale au son d'une sirène - le port qu'ils quittaient.
« On est soulagé d'arriver. Mais moi, j'aborde ça comme une détente, une semaine pour voir la côte depuis la mer. C'est magnifique ! », s'enthousiasme Dominique, capitaine du bateau « Lagunekin », « avec les copains » en basque.
Le raid est avant tout une aventure entre copains. Ils sont trois par bateau : un barreur et deux rameurs. Ils font corps ensemble contre les éléments marins. Une solidarité à toute épreuve entre les équipes, malgré la compétition. « En 19 ans, je n'ai jamais vu ça ! Cette année a été exceptionnelle pour le niveau sportif, mais surtout pour la solidarité entre les participants », explique Jean-François Irigoyen, à la fois rameur et instigateur du Trophée Teink en 1993.
Un bateau perdu
À l'origine de cette solidarité, un épisode malheureux, la perte du bateau « Arraun Laguna », le batteleku, justement, de Jean-François Irigoyen. À cause de la tempête, l'étape espagnole entre Getxo et Bermeo du mardi 26 juillet a dû être annulée. Et alors que les participants ralliaient Bermeo par train, les bateaux en bois ont, eux, été rapatriés par les voies maritimes. Mais l'un d'entre eux a chaviré. Le batteleku a vogué seul sur 24 milles pendant plus de 20 heures, pour être retrouvé le mercredi par la Croix-Rouge espagnole. L'embarcation réparée en urgence, les trois rameurs ont ainsi pu reprendre l'aventure le jeudi matin au départ de Lekeito. « La journée de mardi a été très difficile. On était abattu, mais cette difficulté a soudé le groupe ! », insiste Jean-François Irigoyen.
Parmi les 51 concurrents, une femme. Stéphanie participe pour la deuxième fois au Trophée Teink. « On est tous fatigués, mais ça passe vite. Le principal, c'est que tout le monde soit resté jusqu'au bout ! », lâche-t-elle en souriant. Et la seule équipe mixte du raid a brillé puisque « Xitoa » est arrivé deuxième.
Pour effectuer ce classement général, les batteleku se sont affrontés lors de courses contre-la-montre sur une partie de l'étape. Samedi, ils avaient 2,5 milles à parcourir avant de franchir la ligne d'arrivée face à la Maison de l'Infante.
Sur l'eau, les forçats de la rame ont été rejoints par la kaskarot pour effectuer leurs derniers mètres en musique. Et sous les applaudissements de centaines de curieux impressionnés par cette épreuve d'endurance. Vainqueur de l'étape, les équipiers de « Martta » ont reçu le drapeau des mains de Peyuco Duhart, le maire. Avant de recevoir quelques heures plus tard, le véritable « Trophée Teink ». Un objet de convoitise qu'ils remettront en jeu l'année prochaine pour les vingt ans du raid.