Saint-Jean-de-Luz : les adieux de la Marine Nationale

Publié le par Itsas Begia

Fin décembre, les derniers membres vont partir et clore 143 ans d’histoire commune avec le Pays basque. Ambiance

Forcément, j'y pense à ce dernier tour de clé. Ce n'est pas anodin. Ce n'est jamais agréable de fermer une unité. Cela me fait quelque chose, mais c'est ma mission et je ne discute pas les ordres. Je suis militaire. » Fin décembre, le capitaine de Frégate Xavier Picut, en poste depuis juillet 2013, fermera définitivement la villa Etxe Ugaïna, rue Mazarin, qui accueille la Marine nationale depuis octobre 2015.

Le changement d'année marquera ainsi la fin d'histoire d'amour entre le Pays basque et la force militaire, après 143 ans de vie commune. Implantée d'abord à Hendaye pour rétablir l'ordre à la frontière espagnole, la Marine nationale avait ensuite rejoint Saint-Jean-de-Luz après la guerre (1945). « L'eau avait été sabotée par les Allemands et il fallait changer de lieu, explique Xavier Picut. La Marine avait réquisitionné des logements à la Ville et acheté cette villa, Etxe Ugaïna. Les maisons ont ensuite été rendues quand les bateaux sont retournés à Hendaye. »

Transition et transmission

À Anglet depuis la construction de la base de l'Adour en 1983, les derniers membres locaux de la force militaire savaient que leurs jours au Pays basque étaient comptés depuis l'annonce de la fermeture de cette base par le Ministère de la défense pour raisons budgétaires (2014). De retour temporairement à Saint-Jean-de-Luz il y a un an, les six rescapés (NDLR, ils ne sont plus que cinq, un des militaires ayant été muté à Toulon cet été) avaient dû remettre aux normes tout le premier étage de la villa (téléphone, réseau Internet militaire, peinture, lumières). Histoire de terminer le travail dans de bonnes conditions. « On a encore une mission à accomplir et on doit assurer la transition correctement, pour que nos 1 500 à 2 000 administrés ne soient pas chamboulés, prévient le capitaine de Frégate. Et que les relations franco-espagnoles gardent une grande fluidité. »

Proche de ses voisins ibériques pour la gestion de la Bidassoa ou avec le condominium sur l'Île des Faisans, Xavier Picut veut passer le témoin en douceur aux Affaires maritimes d'Anglet, qui récupèrent ces prérogatives. Même chose avec le commandant de Marine (Comar) de Bordeaux, qui reprendra les autres attributions : gestion des réservistes, rayonnement de la Marine, la défense maritime du territoire. Ce dernier veillera désormais sur toute la région Nouvelle Aquitaine.

Mutation et reconversion

En attendant, les cartons ont commencé à être emballés au milieu des quatre bureaux, de la salle de réunion et de la salle à manger qui garnissent le premier étage de la villa Ugaïna. Du mobilier précieux a déjà rejoint la base de Brest, celui de bureau ira au centre de transport et de transit de l'armée à Bordeaux, quand les documents textes et photos rejoindront les archives de la Marine à Rochefort. « Il m'est déjà arrivé de désarmer un bateau, l'“Ouragan” à Toulon en 2006, se rappelle Xavier Picut. Mais c'était moins triste. On sait dès le départ qu'il n'a qu'une certaine durée de vie. Quand cela se produit, c'est qu'il y a son successeur qui arrive. Nous, il n'y en aura pas… » C'est pour cela que le capitaine de Frégate ne tiendra pas de cérémonie de départ. « Je n'ai pas le cœur à ça. »

Début janvier, il démarrera sa nouvelle mission à Versailles au service interarmées des munitions, - « c'est un clin d'œil, je reste en contact avec Louis XIV » -, quand ses collègues militaires (le bosco Maître Lasserrotte et le mécanicien Maître Manessier) seront mutés, alors que les deux civiles (Mesdames Perotteau, assistante, et Cillero, chargé de la Bidassoa) vont entamer une reconversion au 1er RPIMa (régiment parachutisme d'infanterie de la Marine) pour l'une, quand l'autre est encore en recherche de solution. Propriété de France Domaine, la villa Ugaïna devrait, elle, ensuite être mise à la vente. La fin d'une histoire.

Plusieurs étapes :

- 1873 : installation de la Marine nationale au Pays basque, à Hendaye,

- 1945 : arrivée à Saint-Jean-de-Luz,

- 1983 : création de la base navale de l’Adour à Anglet,

- 15 octobre 2014 : annonce de la fermeture de la base navale de l’Adour,

- 1er octobre 2015 : déménagement à Saint-Jean-de-Luz (villa Ugaïna),

- 31 décembre 2016 : date de la fermeture administrative.

( Journal Sud Ouest du 11 octobre )

 Saint-Jean-de-Luz : les adieux de la Marine Nationale
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