EGURREZKOA
L’association Egurrezkoa lance un chantier participatif à Ciboure. En espérant, un jour, un local.
Journal Sud Ouest du 09/03 (Emma Saint-Genez )
Samedi matin, après les jours de neige et de froid, le soleil baignait à nouveau la baie d’une lumière printanière. Le temps idéal pour les membres de l’association Egurrezkoa (en bois) pour s’activer sur le chantier naval Larmanou à Ciboure, autour de deux vieux bateaux de pêche sortis de l’eau pour être restaurés : le « Xavier » et « Ametsalari » (le rêveur).
Ce grand canot est la propriété de Léon Bérard, plongeur professionnel et membre de l’association. « Cela fait deux ans qu’ils y travaillent avec Beñat (Kauffmann, autre membre, NDLR) », souligne Peio Etcheverria, un des trois coprésidents d’Egurrezkoa (1). « Mais Léon est souvent en déplacement et n’arrivait pas à le restaurer tout seul. Comme nous n’avons pas de locaux, nous sommes tributaires du temps et les gens travaillent en semaine. »
Les adhérents de l’association se sont donc mobilisés pour accélérer le mouvement afin de voir à nouveau naviguer un jour « Ametsalari » vers l’Océan.
Calfater, poncer, peindre
Samedi, ils étaient une dizaine de bénévoles autour de la coque. Mission du jour : calfater, en calant du fil de coton entre les bardés en bois. « Quand on le remettra à l’eau, le fil va gonfler, explique Peio Etcheverria. Il faudra ensuite mastiquer, poncer et peindre. »
Le travail est loin d’être fini et les fenêtres pour le réaliser assez petites donc. D’où l’idée de Yoann Pery, jeune menuisier ébéniste et membre de l’association, de lancer non pas un financement, mais un chantier participatif. « Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues », souligne le professionnel, qui a lui-même restauré seul deux bateaux en bois. « L’idée est de trouver d’autres volontaires en espérant générer une dynamique. »
Objectif de l’association : remettre le plus d’embarcations possibles dans l’eau de la Nivelle. « En 20 ans, nous en avons restauré plus de 30 qui avaient été mis au rebut, reprend Peio Etcheverria. Le problème est que s’ils restent trop longtemps sur le chantier naval (auquel l’association paie le parking), le bois éclate et s’ouvre et il faut de gros travaux pour les remettre à l’eau. »
L’association fédère coiffeur, dentiste, chauffeur poids lourds, menuisier, électricien, charpentier… retraités ou actifs. Des adhérents d’horizons divers qui ont pour point commun l’amour des bateaux anciens, avec lesquels ils font de la plaisance ou de la petite pêche. « Avant les grandes campagnes à Dakar, ces bateaux à moteur servaient dans les années 55–60 à aller pêcher le merlu jusqu’au golf de Capbreton », poursuit le coprésident. « Au Pays basque sud, on ne trouve quasiment plus de bateaux en bois. Ce sont surtout des coques en plastique. »
Filer du bon coton
Le Pays basque français n’est pas épargné, et l’association tente, à son niveau, de préserver « ce patrimoine historique » à flots. « Avec les beaux jours, nous espérons que ces chantiers participatifs nous amèneront d’autres mains ! Nous allons planifier les travaux pour indiquer ce qu’il y aura à faire chaque samedi matin. »
Les outils et l’apéritif après l’effort seront fournis « Vous connaissez l’expression “filer du mauvais coton” ? » interroge dans un sourire Jean-Pierre Carmenzabal, le secrétaire de l’association, en montrant la bobine de calfatage. « Et bien ici, on file du bon coton ! »
(1) Avec Michel Teilleria et Thierry Dumias. Chantier participatif, le samedi, de 9 heures à 13 heures, en fonction de la météo, chantier Larmanou, avenue Jean-Poulou à Ciboure. Renseignements au 06 79 53 06 23. egurrezkoa.association@orange.fr
Avec les beaux jours, nous espérons que ces chantiers participatifs nous amèneront d’autres mains !
bord d’eau Les membres d’Egurrezkoa assurent avoir frappé à toutes les portes pour trouver un local afin de restaurer les bateaux en bois, quel que soit le temps extérieur : « On a rencontré les maires de Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Urrugne, la Chambre de commerce, le comité local de pêche… Nous n’arrivons pas à trouver », déplore Peio Etcheverria, un des trois coprésidents de l’association.
Condition contraignante : que le hangar ou le bâtiment couvert se trouve à proximité de l’eau, pour éviter trop de déplacements des bateaux entre leur restauration et leur remise à la Nivelle. L’idéal serait même Socoa selon les adhérents, qui en attendant, pistent le beau temps.